DEPUIS 1994
La Maison St-Jacques a connu depuis une périodes intensives de remise en question et de réalisations. Comme l’ont mentionné quelques-uns de mes prédécesseurs, la Maison St-Jacques s’est toujours impliqué dans le mouvement communautaire et a toujours cherché à offrir à ceux qui sont réticents à utiliser les ressources du réseau des services de qualité et alternatifs en santé mentale.
C’est dans cette perspective que la Maison St-Jacques décidait au printemps 1994 de s’associer à un autre organisme communautaire, COSAME, pour mettre sur pied un centre de crise dans notre sous-région. L’approche de cet organisme, le centre de crise le Transit, est axée sur l’évaluation et l’intervention dans le milieu de crise, avec possibilité d’un hébergement si nécessaire et d’un suivi post hébergement ouvert à la communauté. Ces principes rencontrent les objectifs des organismes communautaires, à savoir une approche globale et une responsabilisation graduelle de la personne en demande d’aide.
C’est au cours de la même période que la régie régionale de Montréal-Centre lançait son projet l’Atteinte d’un nouvel équilibre dans la réorganisation des services de santé et des services sociaux sur l’Ile de Montréal. Nous avons participé aux mécanismes de consultation en collaborant étroitement avec le Racor. Nous avons par la suite participé au comité aviseur en santé mentale chargé de soumettre un cadre de référence au conseil d’administration de la régie régionale pour les réallocations aux organismes communautaires.
Au printemps 1997, nous avons répondu, en collaboration avec le Centre de Soir Denise Massé, à un appel d’offre de la Régie Régionale de Montréal-Centre pour implanter un organisme d’accompagnement communautaire dans la sous-région centre-est de Montréal. En juin de la même année, la régie régionale nous confiait ce mandat. En janvier 1998 naissait le centre de suivi communautaire Le Fil. Ce service s’adresse à une clientèle qui, tout en résidant dans un logement ou une chambre autonome, est isolée socialement et présente des problèmes importants de santé mentale.
Par ailleurs, les modifications de l’aide sociale, les resserrements des durées d’études au niveau universitaire, l’obligation de se rendre disponible pour la recherche d’emploi, les conditions socio-économiques de plus en plus difficiles rendaient pour plusieurs personnes nos services inaccessibles. Il fallut donc réviser notre approche: fixer un nombre maximal d’usagers par groupe d’environ huit personnes; diminuer le nombre d’heures de présence, tout en prolongeant la période de séjour de quelques mois; se concentrer sur les aspects cliniques et thérapeutiques; repenser avec nos usagers une vie associative communautaire différente de ce qui était vécu jusqu’à lors. Nous avons donc mis sur pied des groupes de psychothérapie qui ont lieu en début de soirée. Le succès fut tel que nous avons dû créer quatre groupes.
Nous avons ouvert également un nouveau groupe s’adressant plus spécifiquement aux mères de famille de milieu défavorisé ayant des problèmes de santé mentale. D’autre part depuis quelques années nous recevions une demande de plus en plus importante de la part de personnes de plus de 35 ans qui désiraient suivre une psychothérapie de groupe à la Maison St-Jacques. Nous avons donc élargi nos services aux personnes de 18 à 50 ans.
La Maison St-Jacques a toujours voulu répondre le plus adéquatement possible aux demandes des personnes ayant des problèmes de santé mentale et désireux de poursuivre une démarche dans le cadre d’une thérapie de groupe. La transformation du réseau, l’apparition des Centres de santé et de services sociaux (CSSS) et des équipes de première ligne en santé mentale sans qu’il y ait de financement supplémentaire entraînera à plus ou moins long terme des modifications dans la demande de services en santé mentale du côté de la population. Il reste cependant à savoir comment le réseau d’état et les instances politiques miseront sur le communautaire pour relever de nouveaux défis et s’ils seront prêts à financer adéquatement encore une fois ces services.
PIERRE FOREST
DIRECTEUR DE LA MAISON ST-JACQUES